CHAPITRE X : LE TOGO INDÉPENDANT ET SON ÉVOLUTION POLITIQUE
L’évolution politique depuis le 27 avril 1960 comprend trois périodes nettement tranchées : le gouvernement de Sylvanus Olympio jusqu’au putsch des demi-soldes (13 janvier 1963), celui de Nicolas Grunitzky jusqu’au 13 janvier 1967, enfin le gouvernement militaire depuis cette date.
I- L’isolement politique de Sylvanus Olympio (1960-1963)
Avant même l’indépendance, la personnalité de Sylvanus Olympio dominait largement aux Nations Unies les autres chefs d’Etat de l’Afrique indépendante du fait de son aisance à s’exprimer aussi bien en français qu’en anglais.
Par ailleurs, sexagénaire, il était plus âgé que la plupart des chefs d’Etat du continent noir, ce qui, dans l’optique africaine où les anciens jouent un si grand rôle, lui donnait une place privilégiée.
Cela explique aussi bien son comportement à l’égard de Nkrumah que vis-à-vis de ses collaborateurs, ses réticences pour un pouvoir collégial ainsi que son final et quasi-total isolement.
Les élections du 27 avril 1958 ont mis en place une opposition comprenant Parti togolais du Progrès et U.C.P.N. (Union des Chefs et des Populations du Nord). Ces deux partis se regroupent dans l’U.D.P.T. (Union démocratique des Populations du Togo). Par ailleurs, la Juvento, qui avait fait alliance avec le C.U.T. pour les élections du 27 avril 1958, s’en détache bientôt et, menée par Me Santos exclu du gouvernement, attaque violemment le gouvernement Olympio.
La désignation de Théophile Mally come ministre de l’Intérieur coïncide avec une aggravation des mesures policières.
Des élections sont organisées le 9 avril 1961, qui donnent une écrasante majorité à la liste gouvernementale (627 688 inscrits, 564 617 votants, 560 938 voix pour le P.U.T. (Parti de l’Unité togolais) représentant 89% des votants et 97% des suffrages exprimés.
L’opposition menée par Me Santos n’ayant pu déposer à temps la caution, une seule liste était présentée.
La Constitution adoptée par le même scrutin correspond à un régime présidentiel. Dans ce régime le Président, élu directement par le peuple, choisit les ministres responsables devant. Certains projets de loi, comme la Constitution française, peuvent être soumis à référendum.
Dans l’analyse de cette Constitution faite par Marc Ducat dans Marchés tropicaux du monde, celui-ci souligne le rôle du Président : « S’il reçoit les pouvoirs dévolus en France au Premier Ministre, il n’en suppose pas la responsabilité. Il ne peut ni poser la question de confiance en régie présidentiel), alors qu’il est habilité à dissoudre l’Assemblée (l’équilibre est ainsi détruit). » En somme, conclut Marc Ducat : « Un Président aussi fort que celui des Etats-Unis, un Parlement aussi faible que celui de la Vème République, tels sont les organes créés par la Constitution togolaise. »
Privée de moyens d’expression, l’opposition s’agite. Le ministre de l’Intérieur découvre un complot qui lui permet, le 3 janvier 1962, de dissoudre la Juvento et l’arrêter Me Santos, Firmin Abalo et plusieurs autres qui seront emprisonnés à Sansanné Mango en des conditions inhumaines.
La gestion financière de Sylvanus Olympio est particulièrement stricte. Aucune augmentation de salaire n’est consentie aux travailleurs. Les remboursements des dettes togolaises au Trésor français le sont en des conditions exceptionnelles de ponctualité.
En politique extérieure, le Togo appartenait au groupe de Monrovia. Par contre, il avait refusé de s’agripper au groupe de Brazzaville (U.A.M.) comme au groupe de Casablanca.
Ce non-engagement n’arrangeait rien en ce qui concernait les Evhé du Ghana. Plusieurs centaines de ces derniers persécutés, par le gouvernement Nkrumah, étaient venus se réfugier au Togo.
Isolé sur le plan intérieur comme sur le plan extérieur, Sylvanus Olympio s(apprête en janvier 1963 à faire juger les opposants internés à la prison de Sansanné Mango.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire