Vivant en parfait accord avec les chefs musulmans, les commandants de cercle ne désiraient nullement la présence de missionnaires et il fallut toute l’insistance du pro préfet apostolique Mgr Nicolas Schönig pour obtenir l’autorisation.
En février 1912 le supérieur général de la Mission du Verbe Divin, le R.P. Blum, vint à Berlin où il exposa les motifs qui justifiaient l’ouverture aux missions des cercles du Nord :
1- Le Nord est interdit aux missions chrétiennes depuis 1907, alors que l’Islam peut librement s’étendre ;
2- Le renforcement de l’islam accroît les risques de conflit avec les missions chrétiennes ;
3- Les missionnaires ont pour tâche fondamentale de préserver les païens de l’islam ;
4- La coopération des musulmans n’est jamais entièrement franche avec le gouvernement d’un Etat chrétien, alors que le processus d’assimilation des indigènes chrétiens est beaucoup plus rapide ;
5- L’administration française dans les territoires voisins ne met aucun obstacle à l’action missionnaire et, depuis 6 ou 8 ans, de nombreux postes avaient été ouverts entre les 9 ème et 14 ème parallèles, ce qui risquait de faire prendre au Togo septentrional un important retard.
Le plaidoyer du P. Blum porta ses fruits et, en 1912, l’autorisation fut accordée de dépasser la limite nord du cercle d’Atakpamé. L’autorité allemande, pour, éviter de nouvelles « guerres de religion », attribua le cercle de Sokodé-Bassari à la mission catholique et celui de Mango-Yendi à la mission protestante. Ce fut la mission de Bâle qui s’installa dans la circonscription de Yendi, ainsi qu’il avait été prévu lorsque la mission suisse avait cédé le pays Bouem à la mission de Brême. En mars 1913, la station catholique d’Alédjo était fondée et quelques mois plus tard des écoles ouvertes à Kemiri et Bafilo. Indépendemment des pères du Verbe Divin, les sœurs du Saint-Esprit ouvrent des écoles ménagères à Lomé (1897), Anécho (1901), Palimé et Atakpamé (1905). Après le R.P. Schäfer (1892-1894), premier pro préfet apostolique et le P. Dier (1894-1896), c’est Mgr Bücking (1896-1907) qui marque l’essor de la mission catholique, mais aussi ses difficultés.
L’affaire d’Atakpamé baptisée parfois les « Kulturkampf au Togo » opposa en 1903 le R.P. Franz Müller, supérieur de la mission d’Atakpamé et Geo A. Schmidt qui avait remplacé von Doering comme commandant de cercle. La mort d’un chef ami de la mission catholique peu après son incarcération devait aigrir les relations et une plainte était déposée en 1903 contre le P. Müller pour incitation des indigènes à la désobéissance. L’excitation devint telle que dans la nuit du 22 au 23 mai 1903, la mission catholique d’Atakpamé fut investie, le R.P. Müller et les frères Probus et Willibrod arrêtés… ; leur incarcération dura trois semaines et l’émotion fut intense. Quelques semaines plus tard éclatait l’affaire d’Avété (village à 6 km au sud d’Atakpamé) où des villageois furent bâtonnés. L’ensemble aboutit à un jugement le 9 avril 1908 à Lomé, favorable à l’administration comme le jugement d’appel le 2 septembre 1909 à Douala, avant que le jugement rendu en Allemagne le 15 janvier 1914 ne rétablisse la situation. Mais l’affaire d’Atakpamé était devenue une affaire entre Berlin et Rome. Mgr Bücking dut partir et céder la place à Mgr Nicolas Schönig (1908-1914) qui développa l’action dans le nord du territoire. Le 16 mars 1914, Mgr Franz Wolf reçut la dignité épiscopale. A cette date il y avait au Togo 21.303 catholiques.
On doit aux missionnaires un important travail linguistique et ethnographique. Du côté protestant il faut citer le pasteur Diedrich Westermann, l’un des plus grands africanistes de tous les temps qui fit notamment une monumentale Grammaire de la langue évhé et le pasteur Spieth, auteur des Tribus du rameau évhé. Du côté catholique, les RR.PP. Müller et Wolf sont les plus remarquables.
jeudi 28 juillet 2011
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