Chapitre II
LES PEUPLES DU TOGO
Quels sont les peuples du Togo, ce pays que nous habitons ? Attachez vos ceintures car il est habité par des hommes et des femmes intelligents, malins, rusés, sages, un peu flubistiers… donnez vous-même les autres qualificatifs qu’on attribuerait à tout être humain. Il y en qui pensent au bien du pays, il y en qui pensent leur ventre, comment changer de voiture, de villa… quel téléphone portable offrir à sa dulcinée… ? Quel poste ministériel lui attribué pour peu qu’elle accepte écarter ce que vous savez… ? Quelle montagne casser pour construire une belle maison carrelée pour les chauves-souris, les cafards, les toiles d’araignées, les vampires etc. … ? Quelle stratégie trouver pour dire au peuple qu’il souffre et qu’il faut voter telle ou telle partie pour la ‘’RECONLIATION ET LA RECONSTRUCTION NATIONALE, POUR LA RECONSTRUCTION PLUTOT DE MA Nème MAISON, POUR L’ACHAT DE MA Nème MAISON ?’’ Euh attention danger… ?
Heureusement qu’on peut oser critiquer aujourd’hui nos dirigeants quelque soit leur bord ou humeur… ! Promis, juré, dans un instant vous le saurez !
I- Les divers peuples du Togo
1- Les peuples du sud comprennent essentiellement les ethnies parlant evhé parmi lesquelles on distingue :
Les Ahoulan pêcheurs côtiers de la zone frontière du Ghana.
Les Pla Peda correspondent aux Popo des anciens auteurs.
Les evhé proprement dits, les Adja et Ouatchi (ce qui ne signifie pas autre chose que venus de Nuatja.) Il s’agit de solides collectivités paysannes disposant d’une remarquable structure démocratique basée sur des assemblées de chefs et de notables.
L’unité politique élémentaire en pays evhé est le dou qui désigne à la fois la sous tribu (ensemble humain allant de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes) et le territoire qu’elle occupe. Au chef-lieu (fiadou) siège le chef (fia) et le conseil des notables. L’autorité est exercée par le fiohawo, l’assemblée de chefs comprenant le souverain lui-même, les Asofohene (terme militaire emprunté à la langue achanti pour désigner les chefs de guerre) et les membres de la famille royale.
En dehors du fiahowo, conseil restreint, le grand conseil du pays ou Doumegawo rassemble les représentants des familles princières.
Les conditions de choix et la fonction des chefs sont peu différentes de celles des autres ethnies africaines. Le futur chef ne doit pas avoir de défauts physiques ou de tares susceptibles d’en faire un objet de moquerie pour ses sujets.
Le candidat est présenté à l’assemblée par un chef de lignée qui porte le titre de fiato (=père du chef). Les notables toutefois peuvent rejeter le candidat et la période d’interrègne peut justifier toutes sortes d’intrigues.
La vie matérielle du peuple evhé a été fondamentalement transformée par les contacts européens des cent dernières années. Ainsi le toit de paille couvrant naguère la case rectangulaire a été le plus souvent remplacé par le toit de tôle.
De même mes salutations entraînaient naguère, et peut-être encore maintenant dans certains villages reculés, des litanies au cours desquelles l’inférieur en présence du supérieur dénudait son torse jusqu’aux hanches.
Les Mina et les Guin sont venus au XVII ème siècle de l’actuel Ghana. Ils habitent la région d’Anécho et constituent une partie importante de l’élite commerciale du pays.
En dehors de cette masse parlant evhé et qui correspond à la population méridionale du pays, il faut mentionner plusieurs noyaux :
- les Vaudou qui forment le quartier le plus ancien d’Atakpamé ;
- les Kpessi d’origine atchem (un rameau de la confédération achanti) qui ont finalement adopté un dialecte evhé ;
- les Fon-Mahi des alentours d’Atakpamé qui, chassés de la région de Savalou au siècle dernier par les armées d’Abomey, se sont réfugiés à l’ouest du Mono et ont gardé leur langue.
Il faut rattacher aux peuples du sud les Ana d’Atakpamé qui sont le rameau yorouba le plus occidental et qui ont les qualités de l’ethnie yorouba du point de vue agricole, les Ga-Agotimé de la circonscription de Kpalimé, enfin les Aniagan du bassin de l’Anié, qui sont des Gourang venus de l’actuel Ghana.
2- Les groupements du centre comprennent essentiellement les peuples témoins des montagnes togolaises, surtout Akposso (à l’ouest d’Atakpamé), Adélé dont le peuplement est marqué par l’ancien poste de Bismarckburg, enfin, lors de l’arrivée des Allemands, réfugiés dans leurs montagnes où ils cultivent leur fonio. Le caoutchouc de cueillette devait apporter un peu d’argent avant même l’installation de von Doering à Atakpamé (1898). Par la suite ces montagnards ont été invités avec une ferme insistance par l’autorité allemande à descendre de leurs nids d’aigle pour mettre en valeur les terres riches du piedmont où le café et le cacao poussent magnifiquement.
Habitant un terroir au carrefour des influences evhé et ashanti, les Akposso ont été marquées par les coutumes de ces peuples. Toutefois, on peut signaler la fabrication par les forgerons d’un outil original assez proche du gouet des campagnes françaises et que l’on appelait avla. Par ailleurs, il existait pour se procurer une femme une coutume originale consistant pour l’homme à enlever la femme qui lui plaisait, à faire une fête de six jours au terme de laquelle cette femme était considérée comme lui appartenant. On imagine les multiples palabres que cette coutume a pu provoquer au début de la période coloniale.
Les Béderé de l’Adélé ont été remarquablement étudiés par les Allemands qui, de 1888 à 1894, ont tenu le poste de Bismarckburg…
La case, ronde pour la plupart des femmes, ne comporte pas de poteau central. Par contre, les hommes ont actuellement presque tous des cases rectangulaires. (Aujourd’hui la mode, c’est de construire une grande maison à étage avec des murs carrelés, casser des collines pour faire percher une maison luxueuse, histoire d’exhiber ses richesses…)
Quant aux Bogo-Ahlo de la source du Dat, ils constituent un rameau isolé de paysans qui disputent avec ténacité les bonnes terres à leurs voisins de Baglo (Togo ‘’ghanéen’’).
3- Les peuples du nord -Si l’on met à part les Akébou, population nordique isolée dans les montagnes du Moyen-Togo entre Akposso et Bédéré de l’Adélé- peuvent être divisés en deux grands sous-groupes : Paragourma et Gourounsi de l’Est.
A- Le sous groupe Paragourma compte plus de 200.000 âmes, (disons plutôt comptait à l’époque). Du sud au nord on trouve :
- Les Tchamba isolés dans l’ensemble Cotokoli et qui se distinguent lors de l’arrivée des Allemands par leurs aptitudes à ciseler les calebasses.
- Les Bassari sont d’anciens métallurgistes qui, devant la concurrence des outils européens, se sont reconvertis dans une économie agricole et de chasse.
- Les Konkomba leurs voisins du nord, sont d’excellents cultivateurs et chasseurs qui avaient naguère de fâcheuses tendances à la vendetta.
- Les Gangan, les Natchaba, les Djé de Gando sont de solides paysans très proches des Konkomba mais qui, durant un siècle, ont subi la domination des Tyokossi de Sansanné-Mango.
- Les Tamberma (qui sont appelés Somba au Dahomey voisin) vivaient nus avec un étui pénien. Ils habitent des cases en forme de châteaux. Frobénius les appelait Burgbauern (paysans des châteaux). Leur nom est la corruption de Bê-Tammaribé (= les bons maçons) et leurs habitations se trouvent sur les collines, mutuellement éloignées d’une portée de flèche.
- Les Bi-Yobé ou Sorouba, qui sont également à cheval sur la frontière du Togo et du Dahomey, sont à la fois voisins et proches parents des Tamberma.
- Les Moba, Gourma et Mamproussi constituent une population de solides cultivateurs de mil. La lèvre inférieure des femmes était naguère percée pour laisser passer un labret conique de quartz blanc. Les fêtes qui marquent le passage des classes d’âge (entre 16 et 20 ans) permettent aux jeunes gens de gagner leur nom à la course : un féticheur place en effet un couteau dans un arbre à une centaine de mètres de la ligne de départ ; les arrivants s’appellent, dans l’ordre, Kombaté, Laré, Douti, Lamboni, Kolani, Sanwogou, Sambiani.
- Les Tem Kabrè ou Gourounsi de l’Est : c’est le Pr Oswin Köhler qui a proposé l’appellation de Gourounsi de l’Est pour les Tem-Kabrè.
En dehors des Ntribou qui n’ont qu’une toute petite fraction de leur ethnie en territoire togolais (entre les Bédéré de l’Adélé et les Akébou), cette dénomination concerne essentiellement les Temba ou Cotokoli qui peuplent la région de Sokodé.
- Les Kabrè que Frobenius appelait Steinbauern (paysans des pierres) sont environ 200.000 concentrés dans la région de Lama Kara, mais aussi dans les terres de colonisation du centre. Ces remarquables paysans mettent les pierres en tas et en murettes pour cultiver davantage.
Dans leur territoire de montagnes, les Kabrè doivent lutter à la fois contre le ravinement des eaux et l’épuisement des sols. Contre le ravinement leur sens communautaire permet d’organiser les corvées collectives pour édifier des murs de grosses pierres sur chaque rive des marigots. Quand la pente est moins escarpée, des terrasses de pierres sèches sont aménagées. Excellents cultivateurs, les Kabrè connaissent l’existence de fumier.
Dans la vie sociale des Kabrè le passage des classes d’âge tient une place capitale. Le garçon est d’abord ewasié jusqu’à la puberté, puis efatou (de 17 à 19 ans), au cours d’une période considérée comme impure. Le jeune homme, à qui il est interdit de se marier, doit manger de la viande de chien réputée impure du fait que cet animal dévore les excréments humains.
A dix-neuf ans le jeune homme devient sangayou, ce qui lui permet de se marier.
Les essakpa (20 à 30 ans) sont très honorés. Mais la grande initiation concerne la classe kondo. Les cérémonies ou Kondana ont lieu tous les cinq ans (1950, 1955, 1960, 1965, etc.). Après quatre ans passés dans la classe Kondo, l’homme devient egoulou.
- Les Losso que Frobenius appelait Palmbauern (paysans des palmiers) comprennent deux groupes :
* Les Lamba (linguistiquement très proches des Kabrè) qui vivent sur des terres relativement pauvres de la région de Kandé et
* les Naoudemba (Nawdéba) qui ont une palmeraie plus abondante que dans les sols arides de leurs voisins. Frobenius a signalé les traits remarquablement purs des jeunes gens cependant que les filles ont « des figures de Jaconde. »
Quant aux Temba du royaume de Tchaoudjo, qui sont devenus l’un des plus importants peuples musulmans du Togo, ils étaient naguère surtout réputés comme tisserands et fabricants de bière de mil (sans doute avant l’instauration de l’islam).
B- Tyokossi, Bariba, Boussanté. – Ces trois groupements sont de langue ou d’influence Mandé. Les Tyokossi sont venus à la fin du XVIII ème siècle de la région située au confluent du Nzi e de la Comoé (Côte d’Ivoire) comme reîtres musulmans offrant leur épée aux souverains locaux et se sont fixés dans cette région comme féodaux, imposant des corvées aux cerfs Moba et Gangan.
Quelques villages d’origine bariba se trouvent à la frontière dahoméenne aussi bien dans la région de Sokodé qu’à l’est de Dapango.
Enfin une partie des Boussansé qui sont en majorité en Haute-Volta se trouve dans la corne nord-ouest du Togo.
Quelles langues parlent tous ces peuples ? Arrivent-ils à se comprendre ?...
Promis, juré, demain vous le saurez !
lundi 6 juillet 2009
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire