III- Le gouvernement provisoire (16 janvier - 5 mai 1963) et les quatre ans de gouvernement Grunitzky
En faisant appel simultanément à Nicolas Grunitzky et Antoine Méatchi, les militaires insurgés font un acte politique d’une importance capitale. Avec Méatchi ils rallient le Nord, avec Nicolas Grunitzky le Sud et le Centre.
Sur le plan international, la situation s’améliore instantanément avec le Fhana et avec les autres Etats africains grâce à l’intervention fraternelle multiforme des hommes politiques du Dahomey voisin. L’action de ceux-ci est très utile pour faire admettre le nouveau gouvernement par des chefs d’Etats qui ont tendance à le bouder.
Constitué le 16 janvier, le gouvernement provisoire proclame dès le 23 une amnistie générale puis rassemble une Table Ronde groupant toutes les nuances politiques du Togo pour mettre sur pied une nouvelle Constitution. Cette Constitution bicéphale a un Exécutif entre les mains du Président de la République élu pour cinq ans. Un vice-président le seconde, le décharge d’une partie de ses responsabilités et le remplace en cas de nécessité.
Le pouvoir législatif est entre les mains d’une Assemblée, les conflits éventuels entre Exécutif et Législatif sont arbitrés par une Cour suprême.
Ce projet de Constitution toutefois ne va pas sans difficulté. Les éléments du P.U.T. ralliés au gouvernement provisoire et menés par Me Kutuklui décident le 8 avril de boycotter les élections. Mais le 9 est découvert un complot ourdi par Théophile Mally, ancien ministre de l’Intérieur réfugié au Nigeria, et … Me Kutuklui.
Les élcetions du 5 mai 1963 sont un triomphe égal à celui remporté le 9 avril 1961 par Sylvanus Olympio. Sur 639524 électeurs, 582308 votants et 576886 suffrages exprimés, la Constitution recueille 568412 voix contre 8484, soit, 91% des inscrits et 98% des votants. La liste d’Union nationale recueille 568893 suffrages. Le 5 mai au soir, le Togo a retrouvé la légalité.
Très vite alors, la reconnaissance internationale suit. Certes, la Conférence de l’Unité africaine est trop proche pour que le nouveau gouvernement togolais soit admis) Addis-Abéba. Toutefois, le 15 mai, quinze Etats ont reconnu le nouveau régime togolais et, après la Conférence d’Addis-Abéba, le Togo prend une place toujours plus importante dans la diplomatie africaine. L’amitié entre le Dahomey et le Togo s’est réaffirmé et le Togo est devenu partenaire à part entière de l’O.C.A.M., puis en 1965 du Conseil de l’Entente.
Sur le plan des relations extérieures, le coup d’état militaire du Ghana (février 1966) permettait une amélioration sensible des rapports.
Mais dans le domaine intérieur les difficultés subsistaient, et le vote en juillet 1966 d’une loi d’amnistie, le Président ne parvenait pas à convaincre les irréductibles du P.U.T.
Par ailleurs le bicéphalisme constitutionnel issu des circonstances difficiles du coup d’état de janvier 1963 rendait l’exercice du pouvoir de plus en plus difficile pour une équipe gouvernementale divisée.
Un coup d’état tenté le 21 novembre 1966 à l’aube par Noë Kutuklui et quelques partisans échoue grâce à l’intervention de l’armée qui disperse les porteurs de pancarte.
Sorti victorieux de l’épreuve, le Président Grunitzky réussit à supprimer le bicéphalisme constitutionnel, mais ne peut surmonter les difficultés nées du remaniement ministériel.
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