
3- Les Sêndéba : Le sêndém est pratiquement la dernière étape de l’initiation. Les jeunes en âge de subir cette étape sont arrêtés et enfermés pendant trois semaines, ils marchent courbés avec une nasse tressée de cordes et noircies par la fumée qui cache le visage. S’il te rencontre, du dois t’arrêter pour céder le passage, mais si c’est une femme ou fille, il tape sur son kpandé et la dame ou la fille doit pousser un cri en tapant sur la bouche, on parle de ‘’bobéga bobém’’
Chaque soir, les petits frères se rassemblent dans la cours de l’un des initiés et sifflent les cornes… en changeant de maison à chaque fois. Les initiés dansent courbés au sol en martelant le sol. C’est pratiquement le même accoutrement : foulard noué à la tête et au cou, à la taille avec une sorte de jupe tissée de cauris, un bâton à la main droite et un ‘’kpang’dé’’ à la main gauche qu’ils martèlent sur le sol. Derrière eux, le petit frère tient un tabouret pour permettre au sêndéda de s’asseoir lorsqu’on arrête pour la pause ; la petite sœur tient dans son ‘’Cafoka’’, une grande calebasse dans laquelle elle a mis les poudres talk ou powder, les perles et autres objets pour son ‘frère’ l’initié. S’il transpire et que le talk est mouillé, elle lui verse cette poudre sur le corps, elle range les perles à la taille de son frère. Parfois elle peut donner à boire à son frère, mais il faut la permission expresse des sènkpèmba, des anciens… s’ils ne sont pas d’accord, ils peuvent verser cette eau ou boisson. Car l’initié doit faire preuve de résistance à la faim et à la soif.
Comme dit plus haut, les sèndéba dansent courbés en file indienne mais suivant un ordre bien précis :
Le Sèn-nongra ou le premier de la file est au devant de tous. Lui ne tient pas le kpandé mais une lance. Il est capricieux, s’il s’arrête, toute la file s’arrête. Il peut s’asseoir longtemps, les batteurs vont jouer en le suppliant de continuer la danse. Pendant ce temps, les chanteurs ‘’yom-yomdéba’’ chantent ses louanges pour l’inciter ou l’exciter à se lever continuer la danse. Parfois il fait la dure oreille, danse sur place en dodelinant de la tête.
Mais le plus têtu est le ‘sèn-kawra’’ ou le dernier de la file. Si lui s’assoie, la nuit peut tomber s’il le veut bien… on est obligé de se plier à ses caprices. Les batteurs, les sènkpèmba, les femmes, tout le monde le supplie de se lever, il est là. Devant lui il a son ‘’kpékparéga’’ ou son acolyte qui ne doit pas bouger sans lui. Si la nuit tombe, on est obligé de le transporter sur la tête et le ramener chez lui ; les anciens doivent essayer de comprendre le pourquoi il a agi ainsi. S’il s’agit d’une faute grave, on va ‘payer’ une somme d’argent ou de la boisson ou une volaille.
Donc en aucun cas, le sèn-nongra ne doit pas laisser que le sèn-kawra vienne se mettre devant lui. C’est là où il peut refuser de bouger et on sera obligé de le transporter.
Le choix de ces personnalités est réservé aux anciens et selon un ordre de rotation. Ils sont choisis dans les grandes familles qui détiennent un rôle important dans la vie de la société nawda.
Après quelques semaines de danse, les sèndéba font une course de résistance sur quelques kilomètres. Cela permet de faire le classement du premier au dernier. Ainsi on dira voilà le premier des sèndéba de cette année. C’est après cette course qu’ils vont ‘’grimper la butte’’ « sènkonfo’oré djotéguém’’. Cette grande butte a été faite par les sèndéba eux-mêmes aidés quelque fois de leur sènkpèmba. Pour la circonstance, on fait préparer le tchouc, bière de mil que l’on boira en cultivant la butte ou à la fin de la culture de celle-ci. Celui qui grimpe le ‘’fo’oré’’, s’il est clairvoyant tape son kpandé trois fois côté est et trois fois à l’ouest avant de redescendre. Il peut danser en montant et en redescendant, mais s’il traine le pas un autre peut surgir et le chasser. Attention, à ne pas laisser que le sèn’nongra ou sèn-kawra monte avant tous les sèndéba. Car ils sont capables d’y rester le pus longtemps qu’ils le souhaitent.
Parfois les sorciers peuvent arrêter quelqu’un sur la bute, là il faut que les yèndéba interviennent pour le libérer.
Parfois aussi le sènkonfo’oré djotéguém peut être la fin de l’initiation de sèndém ou après on continue quelques jours et on arrête. Normalement la danse continue après le sènkonfo’oré djotéguém. Là on danse dans les cours des maisons où une volaille a été donnée par un sênda (même chose que le essakpa). L’initié peut donner une volaille à quelqu’un de bien ou à un parent, puis avec ses pairs de kpatru ou kpadjowré ou kpabé, ils iront cultiver le champ de la personne et le jour qu’on dansera chez cette personne, elle leur offrira de la boisson locale et est tenu de donner plus d’argent à son jeune initié qu’aux autres danseurs.
Que ce soit le sêndém ou l’essakpa, les danseurs feront des tournées de danse dans les grandes maisons qui détiennent les us et coutumes du terroir. Ces grandes familles sont entre autres : Sama, Babassaga, Tawakotiba, Téntoba, Komom’ma, Fêkpalgotiba, Troga, Konga, Djidjérégatia, Kpanonsama, Samonga, Konga (de Borga), Bawila, Kpaga, Kounda, Kola, Soukoutiba, Trida, Djaguénta, Dédéa, Dotiba, Torra, Léona, Krégatiba, Figa, Kolatinga, Rabba, Tounga, Djindjè’ègotiba, Homba, Hêréba, Gbandaga, Fo’oga, Béntia, Dawna, Bourkitéba, Lawa, Manta… mais avant ces tournées de danse, les initiés ont eu à ‘’lodéguémbé’’ le marché c'est-à-dire ils vont danser premièrement autour du marché sans en pénétrer, un mardi, et le marché suivant ils ‘’rentrent le marché’’ « yako lodéguém et yako djubém ». Pendant ces tournées dans les grandes familles, celles-ci peuvent préparer le dam, boisson, et leur offrir à boire lorsqu’ils viennent danser.
Les sêndéba dansent en cette circonstance debout avec une sorte de chemise faite de ferrailles appelée ‘’djong’nango’’. Ils se trémoussent et dispersent les foules venues les regarder et pousser des Hura.. !
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