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lundi 3 octobre 2011

I- Les religions païennes

I- Les religions païennes

Le terme païen (du latin pagus, paganus) marque beaucoup mieux que les termes de fétichisme ou animisme les caractéristiques paysannes de ces croyances enracinées dans le terroir africain.
La digité du chef de la terre gardien de la coutume, distincte de celle du chef temporel, porte la marque religieuse de l’alliance avec les forces telluriques contractée lors de l’arrivée dans le pays. Cette dignité et cette alliance permettent d’ailleurs d’identifier les éléments autochtones et antérieurs.
La notion de force vitale se retrouve chez les divers groupes ethniques du Togo. En pays evhé le Sê représente l’élément spirituel dont l’être humain est la représentation dans un membre de leur famille. Le souci de savoir quel ancêtre représente l’enfant justifie la florissante industrie des devins, encore nombreux sur les marchés. Appelé Bokonoh chez les Evhé et Fon, Babalowo (Yorouba), Ouboua (Bassari et Konkomba), Oubé (Gangan), Téo (Kabrè), Djiba (Moba), le devin a toujours par devers lui son agoumagan (chapelet composé de noyaux de pommes cannelle ou de morceaux de calebasse enfilés) et son Vo (ramassis d’allure et odeur douteuses où l’on trouve pêle-mêle coquillages, grains, débris végétaux et animaux). Mais la résurrection n’est possible que si le corps est intact, c’est-à-dire n’a subi aucune ouverture. Ainsi on poignardait ou décapitait les adversaires alors que l’on assommait les victimes « protégés ».
Le cadavre est presque toujours mis en terre dans une tombe en sape permettant de mettre auprès du cadavre les objets (pièces de monnaie, outils, ustensiles) nécessaire à son voyage dans l’au-delà. En pays kabrè l’âme du mort est représentée par une boule de terre. Ces boules sont réunies dans une case spéciale dans l’enceinte de la soukhala. Une cupule de terre cuite encastrée dans la paroi permet de leur offrir des libations. Chez les Evhé on craint les Ngoli (âmes des morts) qui viennent inquiéter les vivants.
Les sorciers (azéto en evhé) protègent quand ils sont bons e tuent mystérieusement quand ils sont mauvais. Le panthéon du Togo méridional est très proche de celui du Dahomey voisin. Chez les peuples evhé on distingue deux grandes catégories de divinités, Dzimahouwo (= les dieux du ciel) et anyimahouwo (= les dieux de la terre). En réalité leur importance varie avec leur efficacité.
Mahou et Lissa sont le couple créateur. Mahou étant le principe femelle et Lissa le principe mâle. Mahou correspond à la lune et Lissa au soleil. Mahou et Lissa ont créé le ciel et la terre.
Sakpata (équivalent au Tchakpana des Yorouba d’Atakpamé) correspond à la terre dans ses rapports avec l’homme et à la variole, d’où un culte plus important dans les zones atteintes par cette maladie.
Hevieso ou Revioso (équivalent au Shango d’Atakpamé) correspond à l’ensemble des phénomènes atmosphériques perceptibles à l’homme. Traduit ordinairement par tonnerre, Hevieso est représenté par un bélier.
Dan (ou Eda), l’Otchoumaré des Yorouba, est le serpent ou l’arc-en-ciel, le véhicule entre ciel et terre des projectiles l’Hevieso.
Broukou ou Nana Bouroukou est l’une des plus grandes divinités de la région honorée plus spécialement par les Ana Yorouba d’Atakpamé dont les chefs doivent se faire introniser à Shiari dans l’Adjouti (Togo ghanéen). A Shiari tous les sept ans ont lieu de très importants pèlerinages. Doumé, sur la frontière du Dahomey, possède également un très important sanctuaire.
En dehors d’Ogoun protecteur des forgerons, il faut signaler les multiples Legba, monticules de terre en forme d’homme-tronc à la virilité agressive et qui doivent absorber les forces mauvaises qui se présentent et menacent le village.
Les croyances païennes constituent en général un ensemble parfaitement logique et structuré.

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